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Le blog de la revue enchantée

Les douze nuits mystérieuses de l'hiver

L’hiver, tout comme la nuit, a pour nous des trésors bien cachés sans lesquels ni l’été ni le jour n’auraient leur éclat. L’un de ces trésors est la « grande nuit d’étoiles » qui s’étend entre Noël et l’Épiphanie, bien cachée tout au fond de l’hiver. C’est une grande nuit faite de douze longues nuits qui sont comme douze fenêtres entr’ouvertes sur un champ d’étoiles. Ces douze nuits, qui reflètent en miniature l’année à venir et ses douze mois, correspondent également aux douze signes du zodiaque et on peut dire qu’elles sont un avant-goût de l’année qui vient.

Si nous voulons commencer un chemin intérieur, la période des douze nuits nous y invite. Calme et méditation sont l’apanage de l’hiver. Le retrait sur soi en hiver ouvre le regard sur le monde en été et permet d’observer autour de soi avec une conscience plus affinée. C’est dans la crypte de Noël, au cœur de la plus longue nuit d’hiver, tout au fond de soi, que l’on peut commencer. Et chaque hiver essayer de nouveau… Lorsque cette période « entre deux » est bien vécue, nous commençons l’année dans de bonnes conditions, c’est à dire ressourcés. Car n’est-ce pas la nuit salvatrice qui nous fait chaque matin repartir du bon pied ? Un tiers de notre vie ne se passe-t-il pas de « l’autre côté » à dormir ? Quelle fontaine de Jouvence y est donc cachée ?

Cette période « inspirée » des douze nuits peut nous aider à nous recueillir, à prêter attention au mystère de la nuit, au mystère du sommeil, et aussi bien sûr au mystère du soleil, dont la réapparition symbolise notre réveil, notre renaissance, notre printemps.

Le solstice d’hiver est un point tournant dans la ronde du soleil au cours de l’année. De la nuit du 21 jusqu’à la nuit du 24 décembre, la lumière du soleil reste en suspens, comme si elle reprenait son souffle, puis elle recommence à croître jusqu’à son point culminant au midi de la Saint Jean, le 24 juin.

D’où remonte la coutume des douze nuits saintes ?

Cette tradition remonte à nos ancêtres celtes, avant la tradition chrétienne. Autrefois l’année était mesurée par les phases de la lune. Une année avait douze lunes, c’est-à-dire 354 jours et un mois avait donc 29,5 jours. La différence avec notre année solaire est de 11 jours et douze nuits. C’est pour cette raison que cette période fut appelée « entre les années ». Les lois de la nature y sont suspendues et les frontières entre les mondes moins denses.

Le pape Grégoire au 16ème siècle aurait, en créant son nouveau calendrier, fait un « décalage » de trois jours et repoussé la nuit de Noël, située jusque-là au solstice d’hiver, au 24 décembre (rappelons-nous que la lumière ne reprend son élan qu’à partir du 24). La nuit du 24, nuit du réveillon chrétien – appelée aussi nuit d’Adam et Eve – ne compte pas.

C’est donc du 25 décembre au 6 janvier que se cache aujourd’hui l’année à venir.

Les six premières nuits sont celles de l’année qui s’éteint et les six dernières celles de l’an nouveau. Au milieu se trouve la nuit de la Saint Sylvestre.

Ces nuits mystérieuses entre Noël et l’Épiphanie étaient vécues par nos ancêtres avec dévotion. Un peu hors du temps, elles étaient comme un pont intermédiaire entre deux mondes, celui d’hier et celui de demain, celui d’ici-bas et celui de « là-haut ». Leur conscience, plus proche du rêve que la nôtre, leur permettait de « voir » les événements à venir dans leur sommeil peuplé de rêves. On mettait de l’encens pour purifier l’atmosphère et se protéger. Ces nuits en Allemagne s’appellent « les nuits de fumée ».

Comment faire « revivre » les douze nuits ?

Chaque nuit correspond donc à un mois : la nuit du soir de Noël correspond à janvier et on arrive à la nuit de l’Épiphanie correspondant à décembre. Il suffit par un exercice de volonté de prêter attention à ses rêves, tous les matins en se réveillant. Si on s’en souvient, ce qui est un petit miracle, il faut les écrire. Leur contenu raconte en images ce qui se passera pendant le mois qui correspond à leur nuit. Attention ! Le langage des rêves est parfois un jeu de symboles bien cachés !

Le 6 janvier nous rappelle les Rois Mages que l’Etoile a guidés jusqu’à la crèche. Après la douzième et dernière nuit, ce premier lever du soleil est donc un salut tout particulier à la nouvelle année… En souvenir de Gaspar, Melchior et Balthazar, ce jour est non seulement le jour des bonnes galettes qui rappellent le disque d’or du soleil, mais c’est aussi le jour de la colombe porteuse de paix.

Et dans la nuit, l’étoile des bergers et l’étoile des rois mages peuvent alors se rejoindre : il suffit de boucler les douze nuits en une couronne, comme les signes du zodiaque dans le ciel étoilé, et d’y laisser chevaucher le soleil au fil des lunes !

Marie Laure Viriot

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